Beilage E.

[40] Relation

de

ce qui s'est passé de remarquable, au sujet du Cérémonial, à l'arrivée, pendant le séjour, et au départ de leurs Majestés le Roi de Danemarc, et de Pologne, tant à Potsdam qu'à Berlin; depuis le 1. jusqu'au 17. de Juillet 1709.

Lorsque S.M. le Roi de Prusse fut informé, le 1. de Juillet, que le Roi de Danemarc et le Roi de Pologne s'étoient approchés de ses Frontières, il envoya au devant d'eux, le Maréchal de la Cour, le Sgr. d'Erlach, jusqu'au Couvent de Zinna, à cinq lieues de Potsdam, avec tout l'attirail des Cuisines et des Caves Royales. L'Après-midi du 2. le Roi de Prusse envoya au devant d'eux, pour les recevoir à une demi-Lieue de Potsdam, les trois Princes ses Frères à Cheval avec un granrl Cortège de Seigneurs de la Cour, et avec un des Carrosses du Roi.

Lorsque les trois Margraves aperçurent de loin les deux Rois, ils descendirent de leurs Chevaux, pour recevoir, et complimenter ces deux Princes, qui de leur côté sortirent de leur Carrosse de voyage. Les deux Rois entrèrent après dans le Carrosse de Sa Majesté Prussienne, et ils firent leur Entrée à Potsdam dans l'Ordre suivant.

1. Marchoient les Postillons, sonnant de leurs Cors de Poste, sous la conduite et le Commandement du Fils aîné de S.E. le Comte de Wartemberg, comme Grand Maître héréditaire des Postes Royales.

2. Tout le Corps des Chasseurs, sous la conduite du Grand Veneur, qui firent sonner en même tems leurs Cors de Chasse.

3. Les Gentils-Hommes de la Cour.

4. Les trois Margraves, qui précédoient immédiatement le Carrosse des Rois.

5. Le Carrosse Royal, dans lequel étoient le Roi de Danemarc à la droite, et le Roi de Pologne à la gauche, parce qu'ils étoient convenus, de changer le pas et la préséance tous les jours.

6. Les Gardes de Corps.[41]

Lorsque les Rois approchèrent de Potsdam, on donna le signal de leur arrivée par une fusée, et dans ce moment on fit la première décharge d'un parc d'Artillerie, qu'on avoit planté le long de la Rivière, et des Jardins Royaux; comme aussi des Canons, qui se trouvèrent sur le grand Yacht Royal. On en fit la deuxième decharge, lorsque leurs Majestés passèrent le Pont; et la troisième, lorsqu'elles arrivèrent dans le Château, où on avoit rangé d'un côté les Grenadiers, et de l'autre côté les Gardes Suisses et les Trabaus.

Les 3 Margraves entrèrent à Cheval dans la Cour intérieure du Château, où ils descendirent de leurs Chevaux. Mais toute leur suite s'arrêta devant le Château.

Sa Majesté le Roi de Prusse, environnée de toute sa Cour, attendit l'arrivée des deux Rois en haut de l'Escalier; et dès qu'il en fut averti, il descendit l'Escalier, et s'avança à deux pas de leurs Carrosses; les deux Rois étant dans ce moment sortis du Carrosse, le Roi de Prusse les reçut de la manière la plus affable, et les embrassa; ils montèrent ensuite l'Escalier; et S.M. le Roi de Danemarc fut conduit le premier dans ses appartements, qui étoient à la droite, par les deux Rois de Pologne et de Prusse; ensuite le Roi de Prusse conduisit S.M. Polonoise dans ses appartements, qui étoient à la gauche.

Après que ces deux Rois eurent changé d'habits, ils se rendirent à l'appartement de la Reine, où le Roi de Prusse se rendit aussi dans ce moment, et justement dans le tems, que ces deux Rois se trouvèrent à la porte, mais ayant aperçu, que le Roi de Prusse arrivoit, ils voulurent retourner, pour aller au devant de lui.

Sa Maj. le Roi de Danemarc présenta la main à la Reine, et tous se rendirent dans la grande Salle, pour s'y mettre à table. Elle étoit faite en ovale, et placée sous un Dais Royal. Toute la Salle étoit illuminée d'un grand nombre de bougies, et meublée des plus riches Tapisseries, et des Tableaux des plus Grands Maîtres d'Italie. Le Büffet étoit chargé d'un fardeau extraordinaire de toutes sortes de vases de Cristal, d'Argent et d'Or massif. Les deux Rois étrangers étoient placés au haut bout de la Table. Le Roi de Prusse étoit assis à leur droite, et la Reine à leur gauche. Du côté du Roi se trouvèrent les Margravinnes, et du côté de la Reine les Margraves, et trois Ministres étrangers. Pendant le soupé il y eut Concert, qui changea tour à tour, avec les Cors de Chasse; lorsque les personnes Royales burent, on les salua de 6. coups de Canon; mais quand c'était un des Margraves, ou des Margravinnes, on n'en tira que 3. Après le souper chacun se retira, pour aller se reposer.

Le Lendemain 3. de ce mois, lorsque le tems de se mettre à Table approcha, les deux Rois de Danemarc, et de Pologne, se rendirent à l'appartement du Roi de Prusse, et de là tous trois allèrent chez la Reine. On se rendit après dans la grande Salle pour se mettre à Table. Le Roi Auguste eut ce jour la main, et le pas; et pour le reste on y observa ce jour les mêmes Cérémonies, qu'on y avoit observées le soir précédent.

Après qu'on se fut levé de Table, les Personnes Royales se retirèrent chacun dans son appartement. Vers le soir on joua un Opéra, et une Comédie, sur le Théâtre, qu'on avoit préparé dans l'Orangerie; après que ces spectacles furent finis, Leurs Majestés le Roi de Danemarc et le Roi de Prusse allèrent ensemble voir le grand Yacht. En attendant que le Roi Auguste, et la Reine de Prusse prirent le divertissement de la Promenade. Lorsque les deux Rois de Danemarc et de Prusse arrivèrent au grand Yacht, on fit trois décharges de ses Canons. On alla de là se mettre à Table, qui fut servie avec les mêmes Cérémonies, et[42] avec la même pompe, qu'à midi. Il y eut ensuite un Bal dans les appartements de la Reine, où le Roi de Prusse ne put pas assister, parce que Sa Majesté fut obligée de se rendre à Berlin, pour féliciter la Princesse Royale de son heureux accouchement d'une Princesse. Le Lendemain 4. du mois, à 10. heures du matin Sa Majesté revint à Potsdam; et à midi il se mit à Table, avec les deux Rois, et avec la Reine; on y observa le même Cérémonial, qu'aux jours précédens. Vers le soir il y eut Comédie; et ensuite on tira aux Lots, comment les Etrangers seroient assis à la Table avec les Dames.

La Table représentoit quatre demi-Lunes; les Chaises étaient numérotées, on y mit les noms de chaque paire, qui devoit les occuper. Le Roi de Prusse ne s'y trouva point pour cette fois, parcequ'à cause de sa lassitude, il s'étoit d'abord mis au Lit en sortant de la Comédie. Après le souper il y eut encore Bal; où chaque paire suivant les nombres de leurs billets dansèrent à la Françoise, et on finit le Bal par des Contredanses Angloises.

Le 5. étoit destiné pour les plaisirs d'une Chasse, qu'on avoit ordonnée; à peu près à une lieue de Potsdam; Sa Majesté le Roi de Prusse, et les trois Margraves ses Frères s'y rendirent les premiers dans une Chaise de Chasse; peu de tems après ils furent suivis par les deux Rois de Danemarc et de Pologne, dans un des Carrosses du Roi à 8 Chevaux. On eut le plaisir, de tuer pendant la Chasse, une centaine de Cerfs, de Biches, de Renards, et de Sangliers; dont le dernier, d'une grandeur énorme, fut tué par Sa Majesté le Roi de Pologne avec son Couteau de Chasse. Après la Chasse ils retournèrent ensemble au Château, où la Table fut servie comme à l'ordinaire. Vers le soir on prit le divertissement d'une Promenade dans les jardins du Château, où on s'arrêta jusqu'à ce qu'il fut temps de souper; la figure de la Table représentoit ce soir un 3; le reste fut conforme aux soupers des soirs précédens; et il y eut encore Bal, qui dura jusqu'après minuit.

Le 6. chacun des trois Rois dîna à part. Vers le soir il y eut Comédie, et après on alla souper à une Table, qui représentoit le Globe de L'empire, et on finit encore les plaisirs de ce jour par un Bal.

Le 7., qui étoit un Dimanche, le Roi de Prusse alla à la Chapelle Royale, pour y entendre le Sermon de son Evêque; le Roi de Danemarc fit faire le Prêche dans son Appartement par un de ses Prédicateurs Danois; et le Roi Auguste fit dire la Messe dans le sien par le Père Vota; ce soir on soupa à une Table, qui representa une Ancre; et il y eut encore Bal.

Le 8. les trois Rois se rendirent à la Maison Royale de Caputh, située à une petite distance de Potsdam; après leur retour on soupa encore à une Table de différente construction, et il y eut ensuite Bal.

Le 9. les trois Rois se rendirent à la Maison Royale d'Oranjenbourg, et s'y divertirent jusqu'au 11. qu'ils en partirent; ils passèrent par Spandau, où ils furent salués par tous les Canons de la forteresse et allèrent coucher à Charlottenbourg.

Le 12. qui étoit le jour de Naissance du Roi de Prusse, ces trois Rois firent leur Entrée dans la Résidence de Berlin, où on ne fit aucune Cérémonie, parce que les deux Rois étrangers l'avoient très instamment demandé. Ils arrivèrent à Berlin sous une triple décharge de toute l'Artillerie des Remparts à 11 heures du matin.

Les trois Rois étoient dans un magnifique Carrosse à 8 Chevaux, couleur d'Isabelle. Le Roi de Danemarc occupoit la droite du fond, et le Roi Auguste la gauche. Le Roi de Prusse étoit assis vis-à-vis. Etant arrivés au Palais[43] Royal de Berlin, les deux Rois étrangers changèrent d'habits, et allèrent rendre visite à la Princesse Royale, qui étoit en couches. De là les deux Rois de Danemarc, et de Pologne se rendirent à l'Autel du Veld-Maréchal Général Comte de Wartensleben, et y servirent avec Sa Majesté la Reine de Prusse, de Parrains, et de Marraine, au Batême du jeune Comte, qui fut appelé Frédéric Sophie; les deux Rois et la Reine étant retournés au Château, il y eut Table ouverte dans la grande Salle des Chevaliers; à 5 heures du soir, on entendit les Carillons de toutes les cloches du Château, et de la Ville, comme le signal de l'Acte du Batême de la jeune princesse, dont la Princesse Royale étoit accouchée. Les Têtes Couronnées, les Princes, Princesses, et tous les Seigneurs et Dames de la Cour se rendirent d'abord à la Chapelle de la Cour. 1. Marchoient le Roi Auguste, et le Roi de Prusse. 2. Le Roi de Danemarc, avec la Reine de Prusse: et 3. le Prince Chrétien Louis avec la Princesse Albertine; à l'arrivèe de leurs Majestés et de la Maison Royale on commença la Musique. Et lorsque tous eurent occupé leurs Places, la jeune Princesse fut portée dans la Chapelle par S.A.R. la Margravinne Philippine au bruit des Trompettes, et des Timbales, devant la Princesse Philippine et la jeune Princesse marchoient le Grand-Maréchal de la Cour, et le Gouverneur du Château, avec leurs bâtons de Commandement. Et elle étoit soutenue des deux côtés par les Princes Philippe, et Albert; la queue de la jeune Princesse fut portée par les Dames de la Princesse Royale. Et celle de la Princesse Philippine par les Dames de sa cour. En arrivant dans la Chapelle, Madame la Margravinne donna la jeune Princesse à la Reine, qui la présenta aux fonds du Batême. Les trois Rois, qui étoient ses Parrains, se placèrent à côté des fonds, sous un Dais, qui étoit tenu par quatre Chambellans. La Princesse fut nommée Frédéric-Sophia-Wilhelmina; après que les Cérémonies du Batême furent achevées, on entonna un Hymne convenable, et pendant ce temps on fit trois décharges consécutives de 8 Batteries de Canons. On se rendit ensuite dans l'appartement de la Princesse Royale, où les trois Rois, et la Reine lui firent compliment sur le Batême de la Princesse sa fille. Toutes les Dames de la Cour, et de qualité, y assistèrent en Robes de Gala. Ce soir on soupa encore en public dans la grande Salle des Chevaliers, et il y eut après, un Bal magnifique.

Le 13. on mangea encore en public et il y eut le soir une Mascarade.

Le 14. les trois Rois assistèrent au Service Divin, qui fut célébré dans leurs appartemens particuliers, dans la langue, et suivant la Religion de chaque Roi. Vers le soir Leurs Majestés allèrent en promenade dans les jardins du Grand-Chambellan, Comte de Wartemberg, où on se divertit jusqu'à 9 heures. On soupa ensuite en public, après que les Princes, et les Dames eurent tiré les places au sort; et ce plaisir finit encore par un Bal.

Le 15. l'Ambassadeur d'Angleterre, Mylord Raby, donna un festin magnifique aux trois Rois. Vers les 6. heures du soir on fit le tour dans le Neustadt sous les arbres; les trois Rois se trouvèrent ensemble dans un même Carrosse; le Roi Auguste y occupa la droite du fond, le Roi de Danemarc la gauche, et le Roi de Prusse se plaça à leur opposite; ils furent suivis par 40 autres Carrosses, tous remplis des grands Seigneurs de la suite des trois Rois.

Vers le soir ils se rendirent dans le grand Bureau des Postes, ou S.E. le Grand Chambellan leur avoit fait préparer un des plus magnifiques soupers, qu'on avoit jamais vus à Berlin. A chaque santé, qu'on but, on fit sonner les Trompettes, les Timbales, et 20. Cors des Postillons. Après le souper il y eut un Bal, qui dura jusqu'à la pointe du jour.[44]

Le 16. les trois Rois et plusieurs des grands des trois Cours furent régalés par le Veld-Maréchal-Général; à 4 heures après dîner, le Roi de Danemarc partit de Berlin au bruit d'une triple décharge de Canons, et escorté par le Corps des Chasseurs pour se rendre, par Hambourg, dans ses Etats.

Le 17. On mangea encore en public. Le soir il y eut Bal à la Cour et à minuit le Roi Auguste se mit dans son Carrosse de Voyage et partit de Berlin pour Torgau. Il fut salué d'une triple décharge de l'Artillerie.

Fußnoten

1 Wegen Uebereinstimmung mit dem Ceremoniel bei dem feierlichen Einzuge Seiner Majestät des Kaisers Alexander I. von Russland in Berlin am 24. October 1815.


Quelle:
Stillfried-Alcántara, Rudolf von: Ceremonial-Buch für den Königlich Preußischen Hof I. - XII. Berlin 1877.
Lizenz:
Kategorien:

Buchempfehlung

Stifter, Adalbert

Zwei Schwestern

Zwei Schwestern

Camilla und Maria, zwei Schwestern, die unteschiedlicher kaum sein könnten; eine begnadete Violinistin und eine hemdsärmelige Gärtnerin. Als Alfred sich in Maria verliebt, weist diese ihn ab weil sie weiß, dass Camilla ihn liebt. Die Kunst und das bürgerliche Leben. Ein Gegensatz, der Stifter zeit seines Schaffens begleitet, künstlerisch wie lebensweltlich, und in dieser Allegorie erneuten Ausdruck findet.

114 Seiten, 6.80 Euro

Im Buch blättern
Ansehen bei Amazon

Buchempfehlung

Romantische Geschichten. Elf Erzählungen

Romantische Geschichten. Elf Erzählungen

Romantik! Das ist auch – aber eben nicht nur – eine Epoche. Wenn wir heute etwas romantisch finden oder nennen, schwingt darin die Sehnsucht und die Leidenschaft der jungen Autoren, die seit dem Ausklang des 18. Jahrhundert ihre Gefühlswelt gegen die von der Aufklärung geforderte Vernunft verteidigt haben. So sind vor 200 Jahren wundervolle Erzählungen entstanden. Sie handeln von der Suche nach einer verlorengegangenen Welt des Wunderbaren, sind melancholisch oder mythisch oder märchenhaft, jedenfalls aber romantisch - damals wie heute. Michael Holzinger hat für diese preiswerte Leseausgabe elf der schönsten romantischen Erzählungen ausgewählt.

442 Seiten, 16.80 Euro

Ansehen bei Amazon