Scène XIV.

[178] Les Précédents, Gaveston, Mac-Irton, Marguerite, Fermiers, Habitants d'Avenel, Gens de Justice.

Final.


MAC-IRTON ET LES GENS DE JUSTICE, à Georges.

Voici midi: la somme est-elle prête?

Il faut payer ou fournir caution.[178]

Au nom du roi, Monsieur, je vous arrête;

Il faut payer ou marcher en prison.

GEORGES, gaiement.

Adressez-vous donc à Dikson.

DIKSON.

Qui, moi, Messieurs? oh! ma foi non.

GEORGES, de même.

Tu ne veux plus prendre ma place?

DIKSON.

Non, vraiment; reprenez, de grâce,

L' château que vous m'avez donné.

GEORGES.

C'est bien.


A Marc-Irton.


Mais quelle impatience!

L'heure n'a pas encor sonné;


A Gaveston.


Vous savez que j'ai confiance.

GAVESTON.

Et quelle est donc votre espérance?

GEORGES.

La dame blanche d'Avenel.


On entend le prélude de la harpe.


Tenez, entendez-vous?

GAVESTON ET LE CHŒUR.

O ciel!


Ils se pressent tous en cercle sur le devant du théâtre, et pendant ce temps Anna, vêtue de blanc et tenant sous son voile un coffret, paraît à droite de la galerie qu'elle traverse lentement. Gaveston, Julien et le chœur, qui sont sur le devant du théâtre, lui tournent le dos et ne l'aperçoivent point encore.

Ensemble.


GEORGES.

O toi que je révère!

O mes seules amours!

Déité tutélaire,

Tu viens à mon secours.

MAC-IRTON, GAVESTON, CHŒUR.

Quel est donc ce mystère

Qui protège ses jours?

Quel pouvoir tutélaire

Lui prête son secours?


Pendant cet ensemble, Anna a traversé la galerie, a descendu l'escalier à[179] gauche, et est venue se placer debout sur le piédestal de la dame blanche qui est au bas de l'escalier à gauche; en ce moment tout le monde se retourne et l'aperçoit.


MARGUERITE ET TOUS LES PAYSANS, se prosternant.

C'est elle!

ANNA, du haut du piédestal.

En ce castel est le fils de vos maîtres,

Et ce noble guerrier, digne de ses ancêtres,

Ce dernier rejeton des comtes d'Avenel ...

GEORGES.

Quel est-il?

ANNA.

C'est toi-même!

JULIEN.

O ciel!

ANNA.

Julien, de tes vassaux reçois enfin l'hommage:

Ce château t'appartient,


Montrant le coffret caché sous son voile.


Et cet or est à toi.

Ton père en d'autres temps l'a remis à ma foi,

Pour racheter son héritage.


Descendant lentement les marches, et posant le coffret sur le piédestal, elle s'avance au milieu du théâtre, mais à quelque distance de Julien.


Je parais à tes yeux pour la dernière fois!

MARGUERITE, passant à la droite de Georges et le serrant dans ses bras.

Mon cher Julien, je te revois.

ANNA.

Je pars, et qu'aucun téméraire

N'arrête ou ne suive mes pas.


Tous lui ouvrent un passage et s'inclinent sans oser la regarder. Georges, que Marguerite serre dans ses bras, veut s'en dégager poursuivre Anna. Dikson, qui est à gauche, le retient fortement. Pendant ce temps, Gaveston, qui a remonté le théâtre, se trouve au fond en face d'Anna, et la saisit par la main.


GAVESTON.

Non, sous mes pieds dût s'entr'ouvrir la terre,


La ramenant sur le devant du théâtre.


Quique tu sois, tu ne sortiras pas.

LE CHŒUR.

Tremblez! tremblez! redoutez sa colère.

GAVESTON.

Non, je découvrirai ce funeste mystère,[180]

Et l'ennemi secret qui s'attache à mes pas.


Arrachant son voile.


MARGUERITE, GAVESTON ET LE CHŒUR.

Que vois-je? Anna!

ANNA, se jetant aux genoux de Julien.

C'est elle-même!

JULIEN, avec joie et cherchant à la relever.

Je retrouve celle que j'aime,

Celle à qui j'ai donné ma foi.

ANNA.

Orpheline et sans biens, je ne puis être à toi.

JULIEN.

Le ciel a reçu ma promesse;

Je renonce aux trésors, au rang que je té doi,

S'il faut les partager avec d'autres que toi.

CHŒUR.

Elle est digne d'être comtesse:

Elle doit accepter sa main.

ANNA, tendant la main à Julien.

Vous le voulez?

JULIEN.

Ah! quelle ivresse!

MARGUERITE.

Quel bonheur! je retrouve enfin

Ce cher enfant que j'ai vu naître.

JENNY.

Nous retrouvons un bon maître.

DIKSON.

Et mon fils un bon parrain.

CHŒUR.

Chantez, joyeux ménestrel,

Refrains d'amour et de guerre;

Voici revenir la bannière

Des chevaliers d'Avenel.

Fin de la Dame Blanche.


Quelle:
Boieldieu, François-Adrien: La dame blanche, in: Eugène Scribe: Théatre de Eugène Scribe de l'Académie Française, V,1: Opéras-comiques, Paris 1856, S. 178-181.
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