Scène VIII.

[137] Les précédents, Dikson.


DIKSON, d'un air effrayé, et tenant à la main un papier. Ma femme, ma femme! A Georges. Ah! vous voilà. Ne me quittez pas, je vous en prie.

JENNY. Qu'y a-t-il donc? est-ce que les fermiers ...

DIKSON, de même. C'est moi qu'ils ont chargé de leur procuration jusqu'à deux cent mille livres d'Ecosse; mais après cela ils sont partis.

GEORGES. Eh bien? ...

DIKSON, de même. Je les ai reconduits jusqu'au détour du bois ... à cent pas de la maison; et comme je revenais, j'ai trouvé au milieu de la route un petit nain tout noir, qui m'a présenté ce papier, et qui soudain, je crois, s'est abîmé sous terre ... car je ne sais plus ce qu'il est devenu!

JENNY. Ah! mon Dieu ...

DIKSON. Et ce papier, le voilà!

JENNY. Lis toi-même!

DIKSON, lisant. »Tu m'as juré obéissance; l'heure est venue, j'ai besoin de toi ... Trouve-toi ce soir à la porte du vieux château, et demande l'hospitalité au nom de saint Julien d'Avenel.«

»Signé: La Dame Blanche.«


Trio.

Ensemble.


DIKSON ET JENNY.

Grands dieux! que viens-je d'entendre?

Voici donc le moment fatal

Je n'y puis rien comprendre;

C'est un mystère infernal![137]

GEORGES.

D'honneur! je n'y puis rien comprendre

Je m'y perds! ... Mai c'est égal!

L'aventure à de quoi surprendre:

Le trait est original.

DIKSON.

C'est cette nuit, dans l'instant même.

JENNY.

Peu m'importe; tu n'iras pas.

DIKSON montrant le billet.

Mais songe à son ordre suprême.

JENNY.

J'arrêterai plutôt tes pas.

DIKSON.

Et si je brave sa colère,

Songe à ce que nous deviendrons:

Adieu notre fortune entière,

Adieu l'espoir de nos moissons!

Et chez moi, toutes les semaines,

Des lutins qu'elle aura payés

Viendront avec un bruit de chaînes

La nuit me tirer par les pieds.


Ensemble.


DIKSON ET JENNY.

Ah! grands dieux! que viens-je d'entendre?

Voici donc le moment fatal!

Il faut, je ne puis m'en / il ne peut s'en défendre,

Descendre au séjour infernal.

GEORGES.

D'honneur, je n'y puis rien comprendre;

Oui, je m'y perds; mais c'est égal:

Ce secret ... j'irai le surprendre,

Au fond du séjour infernal.

Mes bons amis, séchez vos larmes:

Si ce rendez-vous aujourd'hui

Est la cause de vos alarmes,

Ne craignez rien,


Montrant Dikson.


J'irai pour lui.

DIKSON ET JENNY.

O ciel! vous exposer ainsi!

GEORGES.

Le péril a pour moi des charmes,

Surtout pour aider un ami.[138]

DIKSON ET JENNY.

Des lutins craignez la furie.

GEORGES.

Je ne crains rien, je suis soldat.

JENNY.

Quoi! vous voulez ...

GEORGES.

C'est mon envie.

DIKSON.

Risquer toujours ...

GEORGES.

C'est mon état.

Allons? partons, sers-moi d'escorte;

Tu voudrais résister en vain.

DIKSON, bas à Jenny.

Je vais le conduire à la porte,

Et puis je reviendrai soudain.

JENNY.

Et notre baptême?

GEORGES, gaiement.

A demain;

Vous me verrez, j'en suis certain.

DIKSON, à part.

Et puis, si le diable l'emporte,

Nous serons encor sans parrain.


Ensemble.


GEORGES.

Et toi, la plus belle des belles,

Dame blanche, esprit ou lutin,

Sur tes créneaux, sur tes tourelles,

J'accours en galant paladin.

DIKSON ET JENNY, tremblant.

Je sens une frayeur mortelle ...

Nous voulons l'arrêter en vain;

Il va, dans l'excès de son zèle,

Au-devant d'un trépas certain.


Georges sort, conduit par Dikson; Jenny reste seule, en les suivant des yeux, et en levant les bras au ciel.
[139]

Quelle:
Boieldieu, François-Adrien: La dame blanche, in: Eugène Scribe: Théatre de Eugène Scribe de l'Académie Française, V,1: Opéras-comiques, Paris 1856, S. 137-140.
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