FRAUENLOB

[131] En la ville aux faîtes antiques

Aux parures en spirales

Aux vitraux peints aux tours sidérales

Sous les blasons des porchers mystiques

Près des fontaines où le soir et le matin

Sonnent les rires et les jets argentins:

Une vie d'espoirs tenaces

Toute une vie d'années noires

J'étais le chanteur de vos grâces

J'étais le héraut de vos gloires:


Blanches filles des processions

Avec vos cierges vos statues

Chanteuses fraîches et hilares

Fantastiquement vêtues

Amies pâles des communions

Vous · jeunes patriciennes préclares

Qui sous les portes de l'église

Pliez les robes lourdes de Venise –

Et j'ai dédié tout l'art de mes rythmes habiles

A vous · décor de nos fêtes et victoires

Reines puissantes et immobiles.[132]


Mais qui m'a tendu la coupe d'or

Les feuilles de chêne et les couronnes?

Qui de vous a daigné m'élire

Pour porter un jour les bandes mignonnes?

Quels pleurs et quels doux remords

Ont répondu jadis aux pleurs de ma lyre?

Je sens le doigt paisible de la mort.


Aux clameurs des cloches sépulcrales

Des filles et des épouses en deuil

Suivent un cercueil.

Les seules mains frêles et pâles

Conduisent à la cathedrale

A la voûte en offrant des honneurs royaux

Le prêtre fervent de leurs charmes.

Vierges et matrones parmi les larmes

De leur commun veuvage

Versent de nobles vins des fleurs et des joyaux

Pieusement dans le sarcophage.


Französische Fassung des Gedichts Bücher der Hirten- und Preisgedichte

Quelle:
George, Stefan: Schlussband, Gesamt-Ausgabe der Werke, Band 18, Berlin 1934, S. 131-133.
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