33. Briefe von Alfred Nobel

[236] Mit Alfred Nobel unterhielt ich eine regelmäßige Korrespondenz. Ich will hier einige seiner Briefe anführen:


Chère Baronne!


Si je n'ai pas repondu plus tôt à votre si bonne et aimable lettre, c'est que j'espérais vous porter ma réponse de vive-voix, mes hommages de vif-cœur.

Me voici à Vienne, mais vous n'y êtes pas et on me dit que vous n'y venez pas souvent. D'autre part, en allant à Harmannsdorf, je craindrais beaucoup de causer du dérangement et sous ce rapport je suis aussi timide que la femme la plus sensitive.

Comme je suis heureux de vous savoir heureuse et contente, revenue enfin dans un pays que vous chérissez et reposée des luttes dont ma sympathie sait mesurer l'étendue.

Que vous dire de moi – un naufragé de jeunesse, de joie, d'espérance? Une âme à vide dont »l'inventaire« est une page blanche – ou grise.

Veuillez me rappeler au bon souvenir de Monsieur votre mari et agréez, chère Madame, l'assurance de mes meilleurs sentiments à base de profond respect et de vrai dévouement.

Vienne, Hôtel Imperial, 17 août 1885.

A. Nobel.


Der Besuch in Harmannsdorf ist doch abgestattet worden. Im Jahre 1887 hatten wir Nobel in Paris wiedergesehen, und der folgende Brief beweist, daß wir ihn drängten, uns doch einmal in unserem Heim aufzusuchen.


Chère Baronne!


La preuve qu'il n'y a pas de justice dans ce monde c'est que vous me prenez, j'en suis sûr, pour un homme mal[236] élevé et pour un ingrat. Il n'en est rien pourtant, car depuis que j'ai eu le plaisir de vous voir chez moi, je guette anxieusement le moment de loisir, qui me permettrait d'aller serrer la main à deux amis. Mais si vous pouviez voir un jour ou deux seulement la vie que je mène, vous constateriez combien il est impossible de joindre les deux bouts. Depuis huit jours que ma malle est faite je ne parviens pas de pouvoir partir et cependant ma visite à Manchester est urgente. Mais en ce moment tous les »Dynamiteurs« du monde (les dynamiteurs sont les directeurs et administrateurs des Sociétés de Dynamite) se sont donné rendez-vous ici pour me taquiner avec leurs affaires: conventions, projets, déceptions, &c. et je désire ardemment qu'un nouveau Méphisto vienne enrichir l'enfer de ces êtres malfaisants.

Mille choses aimables – jamais assez aimables pour vous et l'assurance d'une bonne amitié.

Paris, 22 janvier 1888.

A. Nobel.


Das folgende Schreiben ist die Beantwortung meines Briefes, worin ich geschrieben, man habe mir in einer Blumenhandlung erzählt, er habe sich verheiratet, und daß in Nizza die Anwesenheit einer Madame Nobel signalisiert worden sei. Ich fragte, ob ich ihm gratulieren dürfe. Er schrieb zurück:


Chère Baronne et amie!


Quel ingrat que ce vieux Nobel, mais en apparence seulement, car l'amitié qu'il a pour vous ne fait que grandir et plus il s'achemine vers le néant plus il chérit les quelques personnes – homme ou femme – qui lui témoignent un peu de vrai intérêt.

Avez-vous pu croire sincèrement que je m'étais marié et marié sans vous en faire part? C'eut été un double crime de lèse-amitié et de lèse-politesse. L'ours n'en est pas encore là.

La marchande de fleurs, en me faisant passer pour marié, a eu recours au langage des fleurs; quant à la Madame Nobel de Nice, c'était sans doute ma belle-sœur. Voilà comment s'explique le mariage secret et mystique. Tout d'ailleurs finit par s'expliquer dans ce bas monde sauf le magnetisme du cœur, auquel ce même monde doit d'éxister et de vivre. Or justement ce magnetisme-là doit me faire défaut puisqu'il n'y a pas de Madame Nobel et que pour moi la poudre aux yeux est maigrement remplacée par la poudre de canon.

Vous voyez qu'il n'y a pas de »jeune femme adorée« – je cite textuellement – et que ce n'est pas de ce côtê là que je trouverai un remède contre ma »nervosité anormale« – encore une citation – ni contre mes idées noires. Quelques[237] jours délicieux à Harmannsdorf m'en guériraient peutêtre et si je n'ai pas encore répondu à votre appel d'hospitalité archiaimable et amical, cela tient à des causes multiples, que je vous expliquerai de vive-voix.

Quoiqu'il arrive il faudra absolument que je vienne bientôt vous serrer la main, car si non, qui sait, si j'aurai jamais ce plaisir et cette consolation. La destinée hélas! ne veut pas se laisser convertir en compagnie d'assurance; on lui offrirait pourtant des primes bien tentantes.

Assurez, je vous prie, M. votre mari de mes meilleurs sentiments; quant à vous-même, inutile de vous confirmer de nouveau mon affectueux et fraternel dévouement.

Paris, le 6 novembre 1888.

A. Nobel.


Am 8. Dezember 1889 war der älteste Bruder meines Mannes, Karl, gestorben. Da Nobel während seines letzten Aufenthalts in Wien mit ihm und seiner Frau bekannt geworden, so benachrichtigte ich ihn von dem Trauerfall. Nobel schrieb:


Copenhague, 19 décembre 1889.


Chère Baronne et amie!


Au reçu de votre petit mot du 10/12 j'adressai à la Baronne Charles de Suttner l'expression de mes condoléances. Veuillez-vous faire auprès de M. votre mari et de vos parents l'interprète de ma vive sympathie.

Moi aussi, j'ai un triste deuil à vous annoncer. J'arrive de Stockholm où j'ai été conduire à la dernière demeure ma pauvre chère mère qui m'aimait comme on n'aime plus aujourd'hui, où la vie fièvreuse fait office d'abat-sentiments.

Je vous serre les deux mains – les menottes d'une bonne petite sœur qui me veut du bien comme je lui en veux à elle et aux siens.

A. Nobel.


Mein Aufruf in der »Neuen Freien Presse« vom 9. September 1891 war in Pariser Blättern auszugsweise wiedergegeben und kommentiert worden. Darüber schrieb mir Nobel:


My dear friend!


Delighted I am to see that your eloquent pleading against that horror of horrors – war – has found its way into the French Press. But I fear that out of French readers ninety-nine in a hundred are chauvinistically mad. The government here are almost in their senses; the people, on the contrary, are getting success- and vanity-drunken. A pleasant kind of intoxication, much less deleterious unless it leads to war, than spirits of wine or morphium.[238]

And your pen – wither it is wandering now? After writing with the blood of martyrs of war, will it show us the prospect of a future fairy-land or the less utopian picture of the thinkers common- wealth? My sympathies are in that direction, but my thoughts are mostly wandering towards another common-wealth, where silenced souls are miseryproof.

With kindest regards ever yours

Paris, 14th September 1891.

A. Nobel.


Nachdem die Oesterreichische Friedensgesellschaft gegründet worden und der römische Kongreß vor der Tür stand, machte ich meinem Freunde Mitteilung davon und ersuchte ihn um einen Beitrag für die Vereinskasse; hier die Antwort:


53, avenue Malakoff, 31 octobre 1891.


Chère Baronne et amie!


Je ne vois pas très bien quelles grosses dépenses peut avoir à supporter la Ligue ou le congrès de la Paix. Néanmoins, je suis tout prêt à contribuer du côté pécunier à son œuvre et je m'empresse de vous envoyer sous ce pli dans ce but un chèque de L. 80 sterling.

Ce n'est pas l'argent, je crois, mais le programme qui fait défaut. Les vœux seuls n'assurent pas la paix. On peut en dire autant de grands dîners avec grands discours. Il faudrait pouvoir présenter aux gouvernements bien-intentionnés un projet acceptable. Demander le désarmement, c'est presque se rendre ridicule sans profit pour personne. Demander la constitution immédiate d'un tribunal d'arbitrage, c'est se heurter à mille préjugés et faire un obstructeur de tout ambitieux. Il faudrait pour réussir se contenter de commencements plus modestes et faire ce qu'on fait en Angleterre en matière législative à succès douteux. On se contente en ce cas de promulguer une loi provisoire d'une durée limitée à deux ans, vu même à une année. Je ne pense pas qu'il se trouverait beaucoup de gouvernements se refusant de prendre en considération une proposition si modeste, à condition qu'elle fût appuyée par des hommes d'état de haute valeur.

Serait-ce trop demander par exemple que durant une année les gouvernements européens s'obligassent à déférer à un tribunal constitué dans ce but tout différent survenant entre eux; ou bien, s'ils s'y refusaient, de différer tout acte d'hostilité jusqu'à l'expiration du terme stipulé.

Ce serait peu en apparence, mais c'est précisément en se contentant de peu qu'on arrive à un grand résultat. Un an, c'est si peu dans la vie des nations et le ministre le plus tapageur se dira que ce n'est pas la peine de briser de force une convention de si courte durée. Et à l'expiration du[239] terme tous les états s'empresseront de renouveler pour une année leur pacte de paix. On arrivera ainsi sans secousse et presque sans s'en douter à une période de paix prolongée.

Ce sera alors seulement qu'on pourra utilement songer à procéder peu à peu au désarmement que désirent tous les honnêtes gens et presque tous les gouvernements.

Et supposez que malgré tout une querelle éclate entre deux gouvernements: ne pensez-vous pas qu'ils se calmeront neuf fois sur dix durant l'armistice obligatoire qu'ils auraient à subir?

Croyez, chère Baronne, à mes affectueux sentiments.

A. Nobel.

Quelle:
Bertha von Suttner: Memoiren, Stuttgart und Leipzig 1909, S. 236-240.
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