Motti

[178] »Je sais l'art d'évoquer les minutes heureuses,

Et revis mon passé blotti dans tes genoux.

Car à quoi bon chercher tes beautés langoureuses

Ailleurs qu'en ton cher corps et qu'en ton cœur si doux?

Je sais l'art d'évoquer les minutes heureuses!


Ces serments, ces parfums, ces baisers infinis,

Renaîtront-ils d'un gouffre interdit à nos sondes,

Comme montent au ciel les soleils rajeunis,

Après s'être lavés au fond des mers profondes?

– O serments! ô parfums! ô baisers infinis!«


(Ch. Baudelaire.)


Te voilà revenu dans mes nuits étoilées;

Bel ange aux yeux d'azur, aux paupières voilées;

Amour, mon bien suprême, et que j'avais perdu!

J'ai cru, pendant trois ans, te vaincre et te maudire,

Et toi, les yeux en pleurs, avec ton doux sourire,

Au chevet de mon lit te voilà revenu!


(A. de Musset.)


»Quand je serai couché dans la froide tombe,

Dans cet affreux cercueil qui me glace d'effroi,

Bon ange! vous, ma douce colombe,

Pensez souvent à moi!


Oui, pensez à celui dont la triste vie

Ne fut guère que tourments et folles erreurs,

Et sur ma tombe, ma pauvre amie,

Venez jeter des fleurs!


Et dites à Dieu, chère âme tremblante,

Quand pour notre salut vous l'aurez imploré,

Que c'est Lui qu'en son œuvre si charmante,

En vous j'ai adoré.«


(Dranmor.)


Quelle:
Ludwig Ferdinand Schmid: Dranmor’s Gesammelte Dichtungen, Frauenfeld 41900, S. 178.
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